11 décembre 2007

La Belgique dans la Grande Guerre

[Monument de Gilly montrant un soldat mort et la population souffrante (photo ci-dessus et 3 photos suivantes]

La Belgique, créée en 1830, est un pays neutre, épargné par les divers conflits du XIXème siècle. Néanmoins, face aux tensions et rivalités animant ses voisins, prudente, elle organise son armée « pour le cas où »…Mais sa confiance au respect de sa neutralité est totale.

Août 1914, c’est la stupéfaction : l’Allemagne demande le libre passage de ses troupes sur le territoire belge afin d’aller attaquer la France. Au nom de la neutralité, le roi Albert 1er refuse. Le 4 août 1914, l’armée allemande franchit la frontière. Le roi prend le commandement d’une armée qui ne tiendra pas longtemps face à la puissante machine de guerre allemande. Néanmoins, la résistance opposée empêchera que la traversée de la Belgique soit aussi fulgurante qu’elle aurait dû être.

Les premières semaines sont éprouvantes pour les civils : des villes sont pillées, incendiées, la population est brutalisée. Obsédée par la soi-disant présence de francs-tireurs, l’armée allemande organise des massacres. Les villes martyres ne se comptent plus. Plus d’un million de civils se réfugient dans les pays voisins, la France, l’Angleterre, les Pays-Bas. La propagande alliée va utiliser cette image de « Poor little Belgium » de « pays violé, pillé » dans le but de susciter l’indignation et le recrutement de combattants. En 1940, la population se rappellera les atrocités du mois d’août 1914, affolée, elle s’enfuira sur les routes de l’exode.



[Monument de Bruxelles]

L’armée belge se replie derrière une rivière située près de la Mer du Nord : l’Yser. Les écluses de Nieuport ont été ouvertes et les plaines inondées. L’offensive allemande est arrêtée. Pour tous, la guerre de mouvement est terminée. Les diverses armées s’enterrent dans les tranchées. Le gouvernement belge s’installe en France, près du Havre, le roi et son état-major, sur la côte belge à la Panne. C’est à Ypres (aussi une ville martyre), que pour la première fois, le gaz sera utilisé comme arme de guerre par les Allemands.



Pendant les 4 années du conflit, le pays sera occupé (presque) dans son entièreté (la seule partie non occupée est derrière l’Yser). Si les graves exactions de l’invasion ne seront plus, par la suite, « que » des faits isolés, le pays connaîtra la pénurie, la faim, le froid, conséquences du pillage. Des réseaux d’entraide sont créés pour venir en aide à la population. L’aide internationale jouera un rôle important. Des bateaux portant l’inscription « Belgium relief » en lettres géantes afin de ne pas être ciblés par les sous-marins allemands, viennent d’Amérique acheminer des vivres. Avec les usines fermées, le chômage explose. L’autorité allemande ne veut pas de « chômeurs » (rappelons que l’allocation de chômage telle que nous la connaissons ne sera instaurée qu’après 1918), ceux-ci sont « sollicités » pour aller travailler en Allemagne [ci-contre : Photo d'une affiche]. 120 000 civils seront déportés dans des camps de travail en Allemagne.

« L’image très poignante des « poilus » le fait parfois oublier : la guerre ne se fit pas uniquement dans les terribles tranchées de l’ Yser. Pour une grande partie de la population belge, elle fut une expérience quotidienne traumatisante faite de privations, de mesures administratives parfois vexatoires et d’une multitude de petits signes indiquant que leur pays était sous domination étrangère » (1)

Bruxelles n’a peut-être pas connu les destructions des autres villes, mais elle sera la seule capitale et la plus grande ville d’Europe à avoir passé les quatre années du conflit sous occupation. La ville eut ses héros et ses héroïnes.

Dans le coeur de la ville, la statue de Gabrielle Petit rappelle qu’il y eut une « résistance au féminin ». Cette « demoiselle de magasin », devenue infirmière fut fusillée en 1916 à l‘âge de 23 ans. Motif ? son implication dans un « réseau d’informations ». Gabrielle Petit fit, aussi, passer beaucoup de volontaires vers le front via les Pays-Bas...



[3 photos ci-contre : Monument d'hommage à Gabrielle Petit, résistante fusillée]



Catherine


(1) S. Jaumain – V. Piette – G. Pluvinage, Bruxelles 14-18, Au jour le jour, une ville en guerre, musées de la ville de Bruxelles, 2005. (Historia Bruxellae). P. 18


Liens :

- « Médecins de la Grande Guerre », est consacré à l’action des médecins, infirmières, brancardiers. D’autres aspects sont, également, présentés et font de ce site une fantastique source d’informations 14-18.

- Un historien retrace la tragédie de Tamines (22 août 1914, 300 civils fusillés sans raison)) et développe une réflexion intéressante sur la violence de guerre (pourquoi ces soldats allemands qui quelques jours avant le conflit étaient des paysans, des instituteurs, se sont-ils transformés aussi rapidement en tueurs ?).

[Monument aux fusillés de Tamines]

- Le blog tenu par Catherine en mémoire de son grand-père, officier prisonnier dans un Oflag pendant la guerre de 1940-1945. Toutes les photos de cette page ont été prises par elle. Je la remercie pour ce travail.

- Le livre de John Horne et Alan Kramer, Les atrocités allemandes, Paris, Tallandier, 2005. Un résumé de ce qu'il montre.

- L'ensemble du dossier sur "La Grande Guerre vue d'ailleurs".

- Le Blog élèves sur les mémoires franco-allemandes".



4 commentaires:

Anonyme a dit…

Recherche endroit où le nom de mon grand père serait mentionné.
Auguste FLAMENT disparu au champs de bataille (?) en 1914, seule information reprise dans un livre parlant de la guerre 14-18.

Anonyme a dit…

Vous qui avez fait Histoire, je recherche où je pourrai trouver des photos de soldats MPF de RI, il ya bien le site Chtimiste mais c'est insuffisant, des photos étaient prises à l'époque..

E.AUGRIS a dit…

Pas d'info spéciale pour vos deux questions.
Le site mémoire des hommes du ministère de la défense permet de retrouver la fiche de décès avec lieu et circonstances.

Anonyme a dit…

Des "belges du sud" escaladaient joyeusement le Monument de la Place Ferrer, à Gilly...un agent de Police, passait devant, il fit semblant de rien et continua son chemin, au lieu de mettre bon ordre. Dès lors, quand l'édilité vient déposer des fleurs, en fanfare, l'hypocrisie laxiste saute aux yeux!