19 décembre 2007

Les atrocités allemandes en Belgique, 1914

"4 août 1914. Les armées allemandes envahissent la Belgique neutre. Quelques jours après apparaissent les premières rumeurs d'atrocités : exécutions, prises d'otages, boucliers humains, viols, pillages et destructions... Les récits se multi­plient, venant bientôt de l'est et du nord de la France. Ils atteignent leur paroxysme au début de septembre, avant la bataille de la Marne, puis cessent

Réalité, comme l'annonça très tôt la propagande alliée, ou « bourrage de crâne », comme l'ont prétendu les autorités allemandes et, après la guerre, un nombre croissant de sceptiques ? Les historiens irlandais John Horne et Alan Kramer ont mené l'enquête dans les archives de huit pays européens. Les sour­ces livrent une réponse accablante : d'août à octobre 1914, près de 6 500 civils belges et français ont été intentionnellement assassinés, des centaines de villages (voire de villes) ravagés par l'armée allemande. Comment la peur des francs-tireurs et de la résistance civile, mythe né pendant la guerre franco-prussienne de 1870, a-t-elle conduit les soldats allemands à des crimes systématiques et de grande ampleur ? Quelle fut l'influence des « atrocités » sur la propagande des deux camps, contribuant à donner au conflit mondial le sens d'une « croi­sade » contre la « barbarie » ? Comment ce thème, d'abord élément central du discours allié sur la « culpabilité allemande » et le jugement des criminels de guerre, a-t-il fini par rencontrer un scepticisme général, dès les années vingt ? Ce livre magistral sur un crime de guerre, son instrumentalisation et sa place dans la mémoire des belligérants trouve toute son actualité alors que le sort des civils en temps de guerre et la portée de la justice internationale demeurent des sujets brûlants."

Quatrième de couverture du livre de John Horne et Alan Kramer, Les atrocités allemandes, Paris, Tallandier, 2005.

Voyez également l'article qu'a rédigé Catherine pour le blog : La Grande Guerre en Belgique et le sommaire du dossier sur la Grande Guerre vue d'ailleurs.

[photographie : Les fusillés de Tamines, Catherine]


La Grande Guerre dans l'Empire austro-hongrois

L'Empire d'Autriche-Hongrie joue un rôle important lors de l'entrée en guerre puisque c'est l'assassinat de l'héritier du trône par le Serbe de Bosnie Gavrilo Princip qui entraine la déclaration de guerre à la Serbie, première étape dans l'engrenage vers la guerre.
Tous les peuples de l'Empire combattent donc au Sud-Est contre les Serbes et les Monténégrins et à l'Est contre les Russes. Au Sud-Ouest, un nouveau front s'ouvre contre l'ancien allié italien.

- Pour les Tchèques, le souvenir de la Grande Guerre prend les traits du Brave soldat Chveïk (Dobrý voják Švejk), un personnage créé par l'écrivain Jaroslav Hašek avant le conflit. Mais les aventures de ce personnage faible d'esprit, autrefois réformé, honnête, naïf et incompétent deviennent célèbres au début des années 1920. En faisant faire l'éloge de la guerre et du patriotisme par ce personnage, Hašek écrit un livre sur l'absurdité de la guerre.
Chef d'oeuvre d'humour et de dérision, les aventures de Chveïk sont devenus un classique de la littérature tchèque. Ma source pour ces infos.

[ci-dessus : la couverture de l'édition originale]

- Pour les Hongrois, la Grande Guerre, si elle marque la fin de la tutelle autrichienne, signifie aussi la fin de la domination des Magyars (autre nom pour les Hongrois) sur les Croates, les Slovaques, les Roumains. Le Traité de Trianon sépare les Hongrois en plusieurs pays. Aujourd'hui encore, le "traumatisme de Trianon" est une question chaude en Hongrie. Lisez la "petite Histoire de la Hongrie" pour mieux comprendre ce traumatisme.

Le sommaire du dossier sur la Grande Guerre vue d'ailleurs.

[photo : statue d'Etienne (Istvan), premier roi de Hongrie (1000-1038); près de l'église Mathias à Budapest]

La Grande Guerre en Italie

Avant l'entrée en guerre de l'Italie, des volontaires italiens, des Garibaldiens, viennent combattre sur le front occidental aux côtés des Français. Ils combattent en Meuse, dans le massif de l'Argonne. Deux petits-fils de Garibaldi y meurent. Un monument érigé à Lachalade leur rend hommage avec cette inscription en italien : "Ils furent l'avant-garde héroïque de Vittorio Venetto". (du nom de la victoire italienne de 1918)

L'Italie, un temps proche des Empires centraux, entre en guerre le 23 mai 1915 aux côtés de l'Entente. Le mois de mai a été le théâtre d'une campagne de la part des milieux nationalistes qui espèrent beaucoup d'une victoire, notamment des gains territoriaux en Adriatique.
Après avoir vainement tenté de s'emparer de Trieste lors des douze batailles de l'Isonzo, les Italiens connaissent un désastre à Caporetto le 24 octobre 1917. Ils sont contraints de reculer jusqu'à la rivière Piave qui incarne la ligne de résistance ultime face à l'ennemi diabolisé. C'est ce que montre ces deux affiches où l'on voit la Piave comme dernière limite face à la barbarie. Une main crochue dans la première, un monstre aux têtes innombrables coiffées de casques à pointe autrcichiens et de chapeaux turcs dans la deuxième.



La duplicité et la fourberie des anciens alliés allemands et autrichiens qui n'ont pas su attirer l'Italie dans leur camp est dénoncée dans les deux affiche suivantes. L apremière montrant un soldat autrichien manipulé par un Allemand et proposant la paix à un italien "une année après". La deuxième dénonce le "courage de l'aviation ennemie qui perd ses combats le jour et bombarde la nuit.



Un personnage joue un rôle important avant, pendant et après la guerre, c'est Gabriele D'Annunzio. Poète et écrivain renommé, il milite pour l'entrée en guerre du côté de l'entente. Engagé volontaire dans l'aviation pendant la guerre, il réalise le 9 août 1918 un vol de 1000 km vers Vienne où il largue des tracts comme celui reproduit ci-dessous [photo E.A., Rome, Musée du Risorgimento] et dont vous pouvez lire la traduction.


« Viennois !
Apprenez à connaître les Italiens. Nous volons au-dessus de Vienne, nous pourrions larguer des tonnes de bombes. Nous ne vous lançons qu'un salut tricolore : les trois couleurs de la liberté. Nous autres Italiens ne faisons pas la guerre aux enfants, aux vieillards et aux femmes. Nous faisons la guerre à votre gouvernement, ennemi de la liberté des nations, à votre gouvernement aveugle, obstiné et cruel, qui ne parvient à vous donner ni la paix, ni le pain, et vous nourrit de haine et d'illusions. Viennois ! Vous êtes réputés être intelligents. Mais pourquoi donc avez-vous revêtu l'uniforme prussien ? Vous le voyez, désormais tout le monde est contre vous. Vous voulez continuer la guerre ? Continuez-la, c'est votre suicide. Qu'en attendez-vous ? La victoire décisive que promettent les généraux prussiens ? Leur victoire décisive, c'est comme le pain en Ukraine : on meurt en l'attendant. »

Il prend un tournant nettement nationaliste par la suite comme en témoigne son aventure à Fiume après-guerre dans une Italie qui a l'impression d'une « victoire mutilée ». Une BD récente de David B. se situe à Fiume lors de cet épisode. Voyez la critique dans le Coin BD-Manga.


Le souvenir de la Grande Guerre


Le lieu où est enterré le soldat inconnu sur le Monument à Victor-Emmanuel à Rome
[photo : E.A.]

Le transfert du soldat inconnu.


Affiche commémorant l'évènement

Monument aux fonctionnares de la poste italienne morts pendant la guerre, Rome
[Photo : E.A.]

"La Grande Guerre" de Mario Monicelli avec Alberto Sordi, Vittorio Gassman et Silvana Mangano est un film de 1959 qui nous donne un regard décalé sur la Grande Guerre en Italie. Le film nous montre deux recrues, le Romain Oreste et le Milanais Giovanni qui pratiquent la "guerre buissonnière" après avoir tenté d'échapper au front. (Lion d'or à Venise).

Le sommaire du dossier sur la Grande Guerre vue d'ailleurs.

16 décembre 2007

In Flanders Fields


In Flanders Fields

By Lieutenant Colonel John McCrae, MD (1872-1918) Canadian Army


IN FLANDERS FIELDS the poppies blow

Between the crosses row on row,

That mark our place; and in the sky

The larks, still bravely singing, fly

Scarce heard amid the guns below,

We are the Dead. Short days ago

We lived, felt dawn, saw sunset glow,

Loved and were loved, and now we lie

In Flanders fields.

Take up our quarrel with the foe:

To you from failing hands we throw

The torch; be yours to hold it high.

If ye break faith with us who die

We shall not sleep, though poppies grow

In Flanders fields.



Ce poème m'a été transmis par Daniel Noé que je remercie.

Pour en savoir plus.

Le sommaire du dossier sur la Grande Guerre vue d'ailleurs.


11 décembre 2007

La Belgique dans la Grande Guerre

[Monument de Gilly montrant un soldat mort et la population souffrante (photo ci-dessus et 3 photos suivantes]

La Belgique, créée en 1830, est un pays neutre, épargné par les divers conflits du XIXème siècle. Néanmoins, face aux tensions et rivalités animant ses voisins, prudente, elle organise son armée « pour le cas où »…Mais sa confiance au respect de sa neutralité est totale.

Août 1914, c’est la stupéfaction : l’Allemagne demande le libre passage de ses troupes sur le territoire belge afin d’aller attaquer la France. Au nom de la neutralité, le roi Albert 1er refuse. Le 4 août 1914, l’armée allemande franchit la frontière. Le roi prend le commandement d’une armée qui ne tiendra pas longtemps face à la puissante machine de guerre allemande. Néanmoins, la résistance opposée empêchera que la traversée de la Belgique soit aussi fulgurante qu’elle aurait dû être.

Les premières semaines sont éprouvantes pour les civils : des villes sont pillées, incendiées, la population est brutalisée. Obsédée par la soi-disant présence de francs-tireurs, l’armée allemande organise des massacres. Les villes martyres ne se comptent plus. Plus d’un million de civils se réfugient dans les pays voisins, la France, l’Angleterre, les Pays-Bas. La propagande alliée va utiliser cette image de « Poor little Belgium » de « pays violé, pillé » dans le but de susciter l’indignation et le recrutement de combattants. En 1940, la population se rappellera les atrocités du mois d’août 1914, affolée, elle s’enfuira sur les routes de l’exode.



[Monument de Bruxelles]

L’armée belge se replie derrière une rivière située près de la Mer du Nord : l’Yser. Les écluses de Nieuport ont été ouvertes et les plaines inondées. L’offensive allemande est arrêtée. Pour tous, la guerre de mouvement est terminée. Les diverses armées s’enterrent dans les tranchées. Le gouvernement belge s’installe en France, près du Havre, le roi et son état-major, sur la côte belge à la Panne. C’est à Ypres (aussi une ville martyre), que pour la première fois, le gaz sera utilisé comme arme de guerre par les Allemands.



Pendant les 4 années du conflit, le pays sera occupé (presque) dans son entièreté (la seule partie non occupée est derrière l’Yser). Si les graves exactions de l’invasion ne seront plus, par la suite, « que » des faits isolés, le pays connaîtra la pénurie, la faim, le froid, conséquences du pillage. Des réseaux d’entraide sont créés pour venir en aide à la population. L’aide internationale jouera un rôle important. Des bateaux portant l’inscription « Belgium relief » en lettres géantes afin de ne pas être ciblés par les sous-marins allemands, viennent d’Amérique acheminer des vivres. Avec les usines fermées, le chômage explose. L’autorité allemande ne veut pas de « chômeurs » (rappelons que l’allocation de chômage telle que nous la connaissons ne sera instaurée qu’après 1918), ceux-ci sont « sollicités » pour aller travailler en Allemagne [ci-contre : Photo d'une affiche]. 120 000 civils seront déportés dans des camps de travail en Allemagne.

« L’image très poignante des « poilus » le fait parfois oublier : la guerre ne se fit pas uniquement dans les terribles tranchées de l’ Yser. Pour une grande partie de la population belge, elle fut une expérience quotidienne traumatisante faite de privations, de mesures administratives parfois vexatoires et d’une multitude de petits signes indiquant que leur pays était sous domination étrangère » (1)

Bruxelles n’a peut-être pas connu les destructions des autres villes, mais elle sera la seule capitale et la plus grande ville d’Europe à avoir passé les quatre années du conflit sous occupation. La ville eut ses héros et ses héroïnes.

Dans le coeur de la ville, la statue de Gabrielle Petit rappelle qu’il y eut une « résistance au féminin ». Cette « demoiselle de magasin », devenue infirmière fut fusillée en 1916 à l‘âge de 23 ans. Motif ? son implication dans un « réseau d’informations ». Gabrielle Petit fit, aussi, passer beaucoup de volontaires vers le front via les Pays-Bas...



[3 photos ci-contre : Monument d'hommage à Gabrielle Petit, résistante fusillée]



Catherine


(1) S. Jaumain – V. Piette – G. Pluvinage, Bruxelles 14-18, Au jour le jour, une ville en guerre, musées de la ville de Bruxelles, 2005. (Historia Bruxellae). P. 18


Liens :

- « Médecins de la Grande Guerre », est consacré à l’action des médecins, infirmières, brancardiers. D’autres aspects sont, également, présentés et font de ce site une fantastique source d’informations 14-18.

- Un historien retrace la tragédie de Tamines (22 août 1914, 300 civils fusillés sans raison)) et développe une réflexion intéressante sur la violence de guerre (pourquoi ces soldats allemands qui quelques jours avant le conflit étaient des paysans, des instituteurs, se sont-ils transformés aussi rapidement en tueurs ?).

[Monument aux fusillés de Tamines]

- Le blog tenu par Catherine en mémoire de son grand-père, officier prisonnier dans un Oflag pendant la guerre de 1940-1945. Toutes les photos de cette page ont été prises par elle. Je la remercie pour ce travail.

- Le livre de John Horne et Alan Kramer, Les atrocités allemandes, Paris, Tallandier, 2005. Un résumé de ce qu'il montre.

- L'ensemble du dossier sur "La Grande Guerre vue d'ailleurs".

- Le Blog élèves sur les mémoires franco-allemandes".



18 septembre 2007

Aristide Boucicaut et la révolution commerciale

Afin de respecter le droit d'auteur, j'ai retiré cet article que vous pouvez retrouvez dans la plupart des bibliothèques et des CDI :

Pierre Bezbakh, "Aristide Boucicaut et la révolution commerciale", Article paru dans le supplément Economie du Monde le 18 septembre 2007.


Sachez pour compléter, que Jules Jalouzot, ancien employé du Bon Marché fonda en 1865 le magasin Le printemps.



[photographies : Le premier catalogue du Bon Marché en 1867; l'intérieur des "nouveaux magasins" du Printemps]

09 septembre 2007

La loi Ferry sur l'enseignement primaire du 28 mars 1882 (extraits)

Article premier- L'enseignement primaire comprend :

• l'instruction morale et civique ;

• la lecture et l'écriture ;

• la langue et les éléments de la littérature française ;

• la géographie, particulièrement celle de la France ;

• l'histoire, particulièrement celle de la France jusqu'à nos jours ;

• quelques notions usuelles de droit et d'économie politique ;

• les éléments des sciences naturelles, physiques et mathématiques, leurs applications à l'agriculture, à l'hygiène, aux arts industriels, aux travaux manuels et à l'usage des outils des principaux métiers ;

• les éléments du dessin, du modelage et de la musique ;

• la gymnastique ;

• pour les garçons, les exercices militaires ;

• pour les filles, les travaux à l'aiguille [...].

Art. 2 - Les écoles primaires publiques vaqueront un jour par semaine, en outre du dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner, s'ils le désirent, à leurs enfants l'instruction religieuse en dehors des édifices scolaires. [...]

Art. 4- L'instruction primaire est obligatoire pour les enfants des deux sexes de six ans révolus à treize ans révolus ; elle peut être donnée soit dans les établissements d'instruction primaire ou secondaire, soit dans les écoles publiques ou libres, soit dans les familles par le père de famille lui-même ou par toute personne qu'il aura choisie. [...]

Art. 6 - II est institué un certificat d'études primaires : il est décerné après un examen public auquel pourront se pré­senter les enfants dès l'âge de 11 ans. Ceux qui, à partir de cet âge, auront obtenu le certificat d'études primaires seront dispensés du temps de scolarité obligatoire qui leur restait à passer.